Produire une artiste

Quelle aventure ! Mais quel défi ! Si l’on considère la production d’un point de vue direction artistique, il s’agira de proposer à l’artiste les chansons qui pourront lui correspondre, réaliser les séances d’enregistrement, de mixage, puis diffuser et communiquer le projet.

Rencontre avec Marie

En 2019, je rencontre Marie Bellocq, jeune musicienne, jouant du cor et partageant avec moi le plaisir de jouer au sein d’associations musicales, notamment dans les harmonies landaises. Avec un certain nombre d’années d’écart, nous avons en commun une formation au conservatoire de Dax, un passage par le lycée Saint Jacques-de-Compostelle, et un pied dans la Chalosse. Une complicité s’installe lorsqu’avec Thomas et Paul, le frère de Marie (également cornistes), tous trois viennent jouer les vendredis soir à l’harmonie de Pouillon, dont j’avais pris récemment la direction. C’est alors que j’apprends que Marie chante ! Sur ses réseaux, qu’elle alimente régulièrement, les stories sont des reprises de musiques actuelles, dans un style délicat, accompagnées de quelques accords au piano.

Belle opportunité !

Cela faisait un moment que je n’avais pas écrit et composé. Autour de mes 20 ans, je plébiscitais la musique Dance (électronique). Sans doutes étais-je séduit par l’étude de la synthèse sonore, que j’avais découvert dans mon cursus à l’EICAR (école internationale de création audiovisuelle et de réalisation). A 30, il semblerait que l’on ait d’autres choses à raconter. J’avais écrit quelques lignes ces dernières années, mais là, j’avais le besoin de repartir sur de la nouveauté. Le piano droit à la maison est le début à tout. N’étant pas pianiste, il reste cependant l’outil idéal pour rechercher les suites d’accord et les lignes mélodiques. Ainsi est ressorti un thème que l’on pourrait qualifier d’introspectif, aux sonorités douces et épurées.

L’étape suivante est l’écriture des paroles. Alors là je n’ai pas vraiment d’explication pour expliquer ce qu’il vient. Est-ce le « mood » du moment ? Une émotion en soi qui cherche à s’exprimer ? Un ressenti à mettre sur papier ? Un héritage du passé ? Peu importe, je choisis simple : « La destinée » (rires…). Comme la musique est déjà écrite, il faut écrire le texte à partir des lignes mélodiques et rythmiques, ce qui n’est pas chose aisée ; Cette contrainte que je m’applique sans le vouloir dans ce processus : musique puis texte. Le travail sur le sens est important mais aussi sur le son, avec les syllabes à respecter, les rimes et la mise en place d’une structure couplets / refrains. Pour « La Destinée » ce sera d’ailleurs un choix de langues différentes : les couplets en français, le refrain en anglais. Je crois être dans l’inconscient collectif avec un texte précis à déclamer en français pour en comprendre tout le sens, allié à un refrain plus chantant en anglais. L’anglais permet je pense, à nous français, d’éviter de tomber dans un texte parfois trop « puéril » et se révèle être une bonne alternative pour garder une certaine énergie musicale.

Notre premier titre : « La Destinée »

Après différents échanges concernant la tessiture et le ressenti de la chanson, nous voici prêts à enregistrer ! Et pourquoi pas une prise piano – voix, comme Marie à l’habitude de le faire chez elle ? C’est une suite logique finalement. C’est décidé ce sera sur la piano droit à la maison.

Rentrent en jeu mes compétences en tant qu’ingénieur du son, où je vais préparer la séance pour une captation en conditions « live ». Je vais tirer des câbles du studio jusqu’au piano du salon. 2 micros Royer R-101 seront placés devant les cordes et je choisis un AKG C414 pour la voix. Un son plus aérien sera assuré par un couple de DPA 4015A.

En novembre 2020, la première chanson est publiée. Marie interprète « La Destinée », qu’elle embellit par ses qualités vocales naturelles.

La suite

L’amitié et la complicité musicale naissante, me poussent à poursuivre notre collaboration. Retour sur le piano … Quelle nouvelle direction prendre ? Nous avions fait « La Destinée », expressive, épurée, quelque peu mélancolique. Il serait bon de passer à quelque chose de plus entrainant ! Gardons le piano cher à Marie mais ajoutons tout un groupe, avec guitare acoustique, basse et batterie. Sur mon temps libre, j’avance sur une chanson avec une ritournelle plus dynamique, chantante et joyeuse. Plusieurs mois s’écoulent avant d’être fixés sur la musique et surtout sa structure, mais j’avais en tête une ritournelle … quelque chose qui devait tourner comme un cycle qui apporterait un changement. J’ai toujours gardé précieusement en moi la célèbre phrase de Mickael Jackson dans « Man in The Mirror » : « If you wanna make the world a better place, take a look at yourself and make a change ». Quelle phrase inspirante, qui oblige à la remise en question ! J’avais envie de la retranscrire en français avec ma propre vision, en adéquation avec la mélodie créée. Ce qui est venu rapidement, c’est l’idée d’avoir un regard extérieur à soi-même, une vision extérieure à notre personne, comme si nous faisions l’effort de nous auto-évaluer. Je prends du recul, je fais le tour de moi-même. Voilà, c’est ça ! Ainsi est né : « Deux Trois Tours Sur Moi ». Comme si un seul ne suffisait pas, cela veut dire : t’es-tu bien regardé ? as-tu bien vu ta façon de fonctionner ? de penser ? d’agir ? Allié à l’un des thèmes principaux de notre génération, je prendrai le parti de l’écologie, sollicitant le rapport de l’individu à son milieu.

Rebelote, l’étape suivante est l’enregistrement de la voix. Je ressens également le besoin de glisser un peu de trompette … et finalement pourquoi s’en priver ? Très bien, je me fais plaisir avec un chorus final qui permet d’amener le dernier refrain à la conclusion. Il y aura donc aussi un peu de mon souffle dans ce titre. Le travail du mixage ponctue la partie technique.

Réalisation d’un clip

Nous sommes en pleine gestion de la « crise » Covid, pour laquelle il y aurait beaucoup à redire … La belle époque des couvre-feux et des auto-autorisations de sortie.

Comment transformer cet enfermement en capacité à s’aérer ! C’est l’occasion ou jamais, faisons un clip ! L’extérieur est un terrain de jeu où l’activité humaine a diminué du fait des contraintes de sortie. La côte landaise avec peu de gens dans le champs de la caméra, est-ce possible ? A cette période c’était possible … Je motive Marie pour que l’on s’organise. Premièrement, administrativement pour être en règles. Comme je dirigeais à cette époque une école de musique, j’étais à cheval sur les règles à appliquer et plutôt abonné aux lectures sur le site du gouvernement. J’appliquais ce qui était demandé au mieux, malgré mes convictions profondes. En tant qu’entrepreneur et membre de la SCPP (société civile des producteurs de phonographes), je suis considéré comme un professionnel de l’audiovisuel. Il se trouve qu’à cette époque, il existait une dérogation permettant aux tournages d’exister. Je me suis appuyé là-dessus en demandant confirmation à la préfecture qui m’a donné le feu vert, dans ce cadre précis, pour pouvoir me déplacer.

Je pars en repérages des lieux. Seul, je balaye le littoral et les points clés comme les étangs et lieux touristiques. Finalement, tous endroits qui évoquent pour moi de bons souvenirs d’été, de vacances, de balades dans la nature, le calme, la sérénité. Je ramène dans ma Go Pro toutes ces prises qui nous permettront de débriefer et de se projeter le jour J. Une date est arrêtée, nous voilà partis aux aurores pour un très longue journée de tournage ! Je m’occupe donc des prises, armé de ma petite Go Pro, d’un pied, et d’une enceinte bluetooth pour la synchro image / son. Louise, une amie de Marie, nous accompagne ce jour. En soutien, elle épaulera plus particulièrement Marie dans cet exercice, car il est vrai que pour une première, il n’est pas simple de se jeter à l’eau face caméra et face aussi aux passants rencontrés.

Une fois ces images dans la boîte, je souhaite poursuivre l’aventure avec des prises aériennes. Quelle chance d’avoir dans ses amis Rémi, pilote, qui était aussi le premier professeur de cor de Marie. Alors que les restrictions s’allègent, nous voici embarqués !

De bons souvenirs, survolant la côte basco-landaise grâce à Rémi
On reconnaît bien ici le lac marin de Vieux-Boucau

Prêts à diffuser ?

Pas tout à fait encore. Reste la couverture du titre, une image représentative et symbolique, à créer. Je suis alors intrigué par les réalisations de Julie Crine, une artiste locale multifacette. Avec bonheur, elle accepte ma demande de collaboration. L’oeuvre choisie sera un tableau pour lequel elle a carte blanche. Parfois, quand on écoute son ressenti, ça fonctionne ! D’ailleurs il faudrait toujours l’écouter… vous serez d’accord que trop de fois on se force à aller dans telle ou telle direction, ou à maintenir des relations qui ne sont pas épanouissantes. Bref, Julie avance vite ! Je ne peux que valider ses esquisses. Elle a selon moi bien ressenti le message à transmettre. Ses choix de couleurs et de matériaux apportent l’ambiance chaleureuse et naturelle. Son travail mérite d’être mis en lumière.

Très bon souvenir de la visite de l’atelier chez Julie
Et sous le soleil, il est apparu… Bonheur de découvrir le tableau de Julie qui représentera tout en symbolique, l’essence de la chanson

En tant que réalisateur musical, sonore et visuel, ce projet représente une étape clé dans ma vie artistique, avec en charge les parties créatives mais aussi techniques. Je vous laisse découvrir le littoral sous un nouvel angle, en espérant que vous serez sensibles au message véhiculé !

Sortie du clip au début du mois d’août 2021

Un concert

Préparant l’harmonie de Pouillon à son concert de Ste Cécile 2021, je propose à Marie d’interpréter « Une Etoile Filante », accompagnée par l’ensemble des musiciens. Quel challenge ! Cette chanson que j’avais écrite dans mon souvenir, 3 années auparavant, n’avait pas pu être interprétée pour différentes raisons. Le moment était donc venu. Bien sûr, il faut d’abord arranger le morceau pour qu’il soit exécuté par une formation type harmonie. Une fois cette étape achevée, il faut le répéter. Je dois dire que c’est toujours impressionnant quand son propre morceau est interprété par tout un collectif. Tant qu’on a pas écouté la première, on ne sait pas toujours à quoi s’attendre … L’adhésion était là et les premiers ressentis encourageants, alors Banco !

Nous voilà lancés … J’oublie de mentionner que tout au long de la chanson, il y a un accompagnement au piano… et comme je ne suis pas pianiste, il va falloir que je pratique pour être prêt ! Ajoutez à cela une partie d’improvisation, puis un clin d’oeil à « La Groupie du Pianiste » (mon admiration pour le travail de Michel Berger) avant le crescendo final.

Afin de garder un souvenir de ce moment, j’avais pensé à ma petite caméra. Evidemment la qualité sonore n’est pas au RDV, mais vous avez une idée de la mise en place et de l’effectif ce soir là. Etant au piano, Matthieu Lalanne avait pris la direction des musiciens, accompagnés des professeurs de l’école et des élèves des classes de solfège qui ponctuaient les couplets en choeur.

1er COUPLET

Dans le ciel une étoile filante
Qui survole la Terre
Une larme versée par les anges
Un regain de mystère
Dans l’espoir de la vérité
Etonnante histoire d’éclair
Pour les Hommes enfin décidés
A briser les chaînes des cœurs

Je vois, je vois, je vois autour de moi
Je vois, je vois, je vois ce je-n’sais-quoi
Je vois, je vois, je vois autour de moi
Je vois, je vois, je vois dans l’au-delà

2cd COUPLET

Dans le ciel une étoile filante
Qui ranime l’atmosphère
Un cadeau de la providence
Un clin d’œil de l’Univers
Les questions de l’Humanité
Parcourant tous les âges
A nouveau seront bouleversées
A la vue du beau présage

J’attends, j’attends, j’attends impatiemment
J’attends, j’attends, j’attends le dénouement
J’attends, j’attends, j’attends impatiemment
J’attends, j’attends, j’attends le grand tournant

Et pour 2023 ?

Quelque chose se prépare… Un nouveau titre ? un nouveau clip ? de nouvelles collaborations ? Je n’en dis pas davantage. La nouvelle idée est bien là et se met en place tranquillement. Je vous tiendrai informés !

Voici un indice 😉

4 réponses à « Produire une artiste »

  1. Avatar de Janick Dupéré
    Janick Dupéré

    Eh beh oh..!..beau cheminement..
    belles rencontres, superbe résultat..
    👏..amitiés..janick

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    1. Merci Janick d’avoir pris le temps de t’intéresser à tout ça ! c’est adorable. A la prochaine !

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  2. Avatar de sylvain lauprêtre
    sylvain lauprêtre

    quel talent :)..belle écriture aussi . faut prendre la loupe pour lire la partition de la dernière photo pour l indice

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    1. Merci 🙂 Tu as raison une loupe serait nécessaire ^^ mais la lumière masque un peu tout ça , on dira que c’était fait exprès ^^

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